La philosophie ouvre la série d'épreuves du baccalauréat ce lundi 17 juin. La Provence.com vous livre les conseils d'une professeure de philosophie : Christelle Vergnal, qui enseigne dans l'académie Aix-Marseille. Quels sont les écueils à éviter ? Sur quoi faut-il mettre l'accent ? Qu'attendent de vous les correcteurs ?...
0) Bien lire le sujet
Cela
peut paraître une lapalissade mais, quel que soit le sujet choisi, il
convient d’abord de bien le lire pour saisir ce qu’il conduit à mettre à
l’épreuve.
A ce propos le petit préambule accompagnant l’explication de texte est très explicite qui demande de "rendre compte du problème dont il est question". Cela est vrai, sans doute, pour tous les sujets y compris donc les deux sujets-question.
1) Si le candidat choisit un sujet-question :
Cela exige, de sa part, qu’il s’installe dans le problème du sujet choisi et l’affronte de façon à conduire son propos jusqu’à la position qu’il entend défendre. C’est dire que cette position, cette réponse, ne s’impose pas au préalable et que, pour être posée, elle doit être défendue (ce qui exige la mise en place de contradictions et le dépassement de celles-ci).
C’est dire, surtout, que le candidat ne doit jamais oublier, qu’en philosophie, si peu de choses au fond vont de soi et que philosopher c’est toujours questionner de prétendues certitudes, tout sujet d’ailleurs y invitant.
Réflexion personnelle
Ainsi, l’accent doit être mis sur l’effort de réflexion personnelle qui sera déterminant et de la façon dont le sujet aura été considéré et de la réponse envisagée.
De ce fait, le candidat ne doit pas oublier que rien ne pourra se substituer à sa réflexion personnelle et qu’il n’a pas, à sa disposition, un ensemble de connaissances qui l’en dispenserait comme s’il s’agissait, sur la base des connaissances d’auteurs et de doctrines acquises durant l’année ou glanées ici ou là dans l’urgence des révisions, d’envisager toutes une série de réponses possibles –parce qu’elles auraient été auparavant données.
Pas catalogue d’auteurs
C’est dire que mettre à l’épreuve des certitudes c’est, toujours, se mettre à l’épreuve soi-même. Il s’agit bien, avant tout, de construire une argumentation qui, certes, sollicite une culture qui est bien sûr requise et peut même parfois, de façon explicite, rencontrer des auteurs et des points de doctrines mais qui se doit, avant tout, pour légitimer la position défendue, de rendre clairs les fondements sur lesquels celle-ci repose et exige donc un travail précis de conceptualisation.
Selon la position envisagée, en effet, on insiste sur tel aspect du problème et sur telle détermination des concepts en jeu.
2) Si le candidat choisit le sujet-texte :
Il devra s’efforcer de rendre claire l’argumentation de l’auteur dans l’extrait proposé et de l’inscrire dans le problème dans lequel le texte permet de saisir qu’elle s’installe. Le texte ne devra jamais être envisagé comme un prétexte pour disserter autour de telle ou telle autre notion ni pour convoquer multitude d’autres auteurs ou doctrines pour eux-mêmes.
C’est dire que le texte ne doit jamais être oublié et qu’il convient de l’analyser, dans le détail, pour le faire parler c’est-à-dire pour rendre manifeste la réflexion qu’il suscite. Sur la base de ces considérations, il n’est alors peut-être pas inutile de conseiller aux candidats de ne pas encombrer leur esprit de problèmes d’ordre purement formels du type de ceux qu’on ne cesse de rencontrer tout au long de l’année qui interrogent sur le nombre de pages et de parties, l’emploi du « je », l’usage ou pas de citations…
Clarifier la pensée de l'auteur
En leur rappelant, au risque de se répéter, que la priorité doit être donnée au caractère personnel de la réflexion et que c’est le fond du propos qui en détermine la forme et le style, qu’aucun plan arbitrairement fixé qui serait comme un moule dans lequel viendraient se ranger des idées ne saurait se substituer à un effort de méthode destiné à clarifier, justement, le cheminement de sa pensée.
Au fond, le candidat doit bien garder en son esprit le fait qu’un exercice philosophique est, essentiellement, un effort de réflexion, que cet effort prend du temps et il se pourrait bien, alors, que le candidat éprouve le sentiment que les quatre heures imparties, sont à la fois tant et si peu de temps.
Mettre les quatre heures de temps à profit
Qu’il veille donc à mettre ce temps à profit ! Restera, ensuite, au candidat, à faire un effort de présentation de la copie rendue, en la rendant la plus lisible possible et en l’aérant de façon à en faciliter la lecture par le correcteur. Une relecture de sa copie, avant sa remise, sera bien venue permettant éventuellement de corriger quelques fautes.
S'aérer l'esprit autant que possible
Ces conseils étant donnés, espérant qu’ils pourront être utiles aux candidats, je les encourage à mettre à profit ces derniers jours non pas en s’efforçant d’accumuler encore et toujours plus des connaissances, ce qui n’aurait pour effet que d’encombrer leur esprit, mais en s’aérant l’esprit autant que possible.
Peut-être est-ce là, surtout, la recette de la réussite ? Il ne me reste plus, pour finir, qu’à souhaiter bonne chance à tous les candidats et une belle épreuve de philosophie.
Bisous bisous..
Gossip Nora
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